Le savoir est un pouvoir.
Résister, un bien beau mot. Résister selon Le Robert c’est ne pas céder, ne pas être détruit, supporter, survivre, se défendre, lutter, faire front et se révolter. On ne peut rester les bras ballants face à la situation politique actuelle en France, et pour y faire face la journaliste Salomé Saqué a publié le livre dont on a toustes besoin pour retrouver l’espoir en ce début d’année.
Nous sommes inondés de pensées nauséabondes disséminées, répétées, normalisées. Un poison mental qui intoxique et tétanise. Que nous arrive-t-il ? Qu’arrive-t-il à notre pays, pourquoi être raciste devient-il la norme bon sang. C’est tendance d’être réac, inhumain et violent. La polarisation des échanges et le repli sur soi grimpent en flèche, et la mainmise de sombres personnages sur les organes de diffusion de l’information accentue le péril. Comme le résume très bien la quatrième de couverture « [ l‘ ] extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s’imposent « .
On tente de trouver des parades, de s’engager, de s’énerver, de parler, ou bien tout simplement d’être dans le déni pour continuer à vivre. On sent bien que tout cela ne va pas très bien finir, mais si on cesse d’espérer tout sera perdu. Salomé Saqué cite une étude réalisée par des spécialistes du droit public européen en 2022, qui estime que » [ la ] France semble particulièrement mal placée pour résister à un processus de démantèlement des contre-pouvoirs qui serait organisé par une nouvelle majoritaire « , et la sénatrice écologiste Mélanie Vogel qui dit quant à elle » [ qu’il ] faut dix-huit mois en France pour détruire l’Etat de droit « . Notre système est très fragile, quoi qu’on en dise, et la montée dans le monde entier du fascisme et de l’extrême droite est plus qu’inquiétante.
Elle nous rappelle dans une première partie avec des chiffres et des définitions claires ce que sont réellement l’extrême droite et l’ultradroite, leur violence, leur projet mortifère et les moyens mis en place pour y arriver. Y rester indifférent est déjà leur laisser la victoire, et l’utilisation croissante des réseaux sociaux pour s’informer, avec les biais qu’on leur connaît ( diffusion massive de fake news, sensationnalisme, bulle de filtre, validation uniquement par les pairs…) est un facteur non négligeable.
La force de cet ouvrage est la simplicité de son ton, et la richesse des informations qui y sont contenues. Après cet état des lieux clair et assez effrayant, il nous ouvre des pistes concrètes pour reprendre le pouvoir sur la situation comme parler avec les gens qui nous entourent et ceux qui nous sont moins proches, mais aussi aux 11 millions d’électeur·rices du Rassemblement National (plus délicat me direz-vous), soutenir la diversité des médias et se battre pour le maintien de l’audiovisuel public, se réapproprier nos imaginaires, retrouver le collectif et la joie. Il nous parle aussi de la pensée politique de bell hooks qui voit l’amour comme une » forme de résistance radicale » .
C’est un tout petit livre qui contient de grandes choses, et que l’on a envie de glisser entre toutes les mains, de déposer sur les bancs publics et partout où l’on peut. Un cri de ralliement qui nous engage à réagir et à lutter. Chacun·e comme on peut, mais ensemble. Car voilà ce dont on a besoin aujourd’hui, se retrouver, faire collectif pour sortir la tête de cette énorme vague prise en pleine poire ces dernières années. Pour imaginer toustes ensemble des lendemains qui chantent.
Résister, Salomé Saqué. Payot, 2024.
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