Ce que nous avons perdu dans le feu / Mariana Enriquez

Nous marchons tous sur des os, il suffit de faire des trous profonds pour atteindre les morts enfouis. Il faut que je creuse, avec une pelle, avec les mains, comme les chiens, qui trouvent toujours les os, qui savent toujours où on les a cachés, où on les a oubliés.

J’ai dévoré ce recueil de nouvelles horrifiques avec un plaisir presque coupable. En 12 histoires, Mariana Enriquez nous plonge dans les tourments passés de son pays, dans l’adolescence trouble, dans ces lieux où tout semble anormal et pourtant si banal à la fois. Enfants disparus, os qui apparaissent, lieux étranges, bûchers volontaires, cultes à des divinités ambivalentes… Autant d’évocations dérangeantes qui entrent en lien direct avec nos sociétés et leurs faits divers les plus glauques.

Chaque histoire est délicieusement macabre et flirte avec l’horreur sans jamais y plonger totalement. La ligne entre folie et surnaturel est ténue, et les images convoquées sont repoussantes et fascinantes à la fois. J’ai tout simplement adoré, et ai hâte de me plonger dans son autre recueil de nouvelles intitulé Les dangers de fumer au lit . Quel plaisir de retrouver ce format pour picorer des bouts d’univers qui s’offrent à nous tout en se dérobant rapidement…

Ce que nous avons perdu dans le feu, Mariana Enriquez, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet.  Editions Points, 2021.

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