Envies lecture rentrée littéraire 2022 / Partie #2

Et voici une deuxième salve de titres ayant attisé ma curiosité pour ce cru rentrée littéraire 2022 ! Cette année paradoxalement tout cet engouement et ce matraquage médiatique autour de ce grand moment de la littérature en France me laissent un peu de marbre. Non pas que je n’ai pas envie de lire certains romans prometteurs, mais j’ai comme une furieuse envie de ralentir, de prendre mon temps…Vive la slow lecture !

Récitatif / Toni Morrison, paru chez Bourgois éditeur

Résumé :

Twyla et Roberta ont huit ans lorsqu’elles se rencontrent au foyer de St-Bonaventure. L’une est noire; l’autre est blanche. (Mais laquelle est laquelle? Nous ne le saurons jamais…) Quatre mois durant, les deux fil- lettes resteront inséparables, avant que la vie ne les éloigne. Des années plus tard, elles vont se recroiser brièvement, à plusieurs reprises, chaque fois dans des circonstances très différentes. Des retrouvailles souvent malaisées, jetant une lumière trouble sur un épisode de leur enfance, une scène en apparence anodine mais dont le souvenir ne les a jamais quittées – si tant est que ce souvenir soit fidèle à ce qui s’est réellement passé ce jour-là…

Suivie d’une magnifique postface signée Zadie Smith, cette nouvelle de 1983, demeurée jusqu’à ce jour inédite en volume, est la seule qu’ait jamais écrite Toni Morrison. Tous les grands thèmes qui traversent son œuvre sont là – la question raciale, l’identité, la violence, la place des femmes dans l’histoire et dans la société, les pièges et les sortilèges de la mémoire… En une poignée de pages bouleversantes, aussi limpides que vertigineuses, Récitatif nous offre la quintessence d’une des voix les plus inoubliables de la littérature américaine contemporaine.

Toute une moitié du monde / Alice Zeniter, à paraître chez Flammarion

Résumé :

« S’il y avait un message diffusé dans des haut-parleurs avant l’entrée en territoire de fiction, il ressemblerait, curieusement, à celui des assurances ou des banques jointes par téléphone : Patientez quelques instants, vous allez être mise en relation… Ce que je cherche, sans doute, depuis le début, en tant que lectrice et en tant qu’écrivaine, ce sont des récits qui me permettent d’entrer en relation avec des êtres qui me sont inconnus et me deviendront proches, tout comme des récits qui leur permettent – à l’intérieur de la fiction – des relations riches, complexes et fragiles. »

Avec Toute une moitié du monde, Alice Zeniter écrit un livre hautement stimulant, fondé sur ses expériences personnelles de lectrice avant tout, mais d’écrivaine aussi, un livre qui nous invite à repenser nos façons de lire les histoires qu’on nous raconte. C’est aux lecteurs que nous sommes qu’il s’adresse, c’est avec eux qu’il converse, avec autant de sérieux que d’allégresse, autant d’humour que d’érudition. Ce livre est tout simplement l’histoire d’une femme qui aimerait qu’on ouvre en grand les fenêtres de la fiction.

Fantaisies guérillères / Guillaume Lebrun, paru chez Bourgois éditeur

Résumé :

En ce début de xve siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons n’en  finissent pas de s’écharper. La guerre civile menace de ravager le pays. C’en est trop pour Yolande d’Aragon. Puisqu’une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n’est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. Et la voilà reconvertie dans l’élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Mais la Douzième, de loin la plus forte et la plus féroce, n’a rien à voir avec celle que Yolande aurait voulu initier à la vraie nature de sa mission.

Porté par une langue inouïe d’inventivité, d’insolence et de drôlerie, ce roman iconoclaste en diable réinvente l’un des plus illustres épisodes de l’histoire de France avec panache.

Cocoaïans ( naissance d’une nation chocolat) / Gauz, paru chez L’Arche éditeur

Résumé :

Ample fresque historique à travers les XXe et début du XXIe siècles, Cocoaïans raconte l’histoire politique du chocolat. De la fève au produit transformé, la culture et le commerce du cacao traduisent les rapports de domination imposés par l’Occident aux pays producteurs d’Afrique.


De la forêt de Gbaka en 1908, jusqu’en 2031, en passant par Treichville de nos jours, la parole politique bondit, d’asservissement en libération, de liesse en compromission, d’espoir en désillusion. Gauz’ raconte le projet d’émancipation des Cocoaïans, les habitants du pays du cacao, pour fabriquer et vendre eux-mêmes leur chocolat, inscrivant le cacao dans un discours civilisationnel, un récit de conquête de liberté.

Le bord du monde est vertical / Simon Parcot, à paraître chez Le mot est le reste

Résumé :

Au coeur de la Vallée des glaces, une cordée de deux chiens (Moïra, Zéphyr), une femme (Ysé) et trois hommes (Gaspard, Solal et Vik) affronte une tempête de neige pour rejoindre le Reculoir, l’ultime hameau avant le Bord du monde, cette gigantesque montagne dont nul n’a pu voir le sommet. Initialement dépêchée pour une mission de routine, l’équipée découvre que son chef a un autre dessein. Embrasé par le prêche du Père Salomon, un mystique abreuvé de  brûle-gorge qui dit connaître le moyen de s’élever jusqu’au sommet de la montagne, Gaspard a décidé de tenter la grande Ascension. Fraîchement recruté, le jeune Solal devra suivre son mentor dans sa quête d’absolu ou écrire son propre destin.

Difficult Women / Roxane Gay, à paraître chez Mémoire d’Encrier

Résumé :

Difficult Women donne la parole à un chœur de femmes inoubliables. Dans un style vif et déroutant, Roxane Gay sculpte des visages qui restent longtemps gravés en nous. Deux sœurs sont inséparables depuis qu’elles ont été kidnappées et violées, enfants. Une femme fait semblant de ne pas se rendre compte que son mari et son frère jumeau se font passer l’un pour l’autre au lit. Une strip-teaseuse, qui doit payer ses études, repousse les avances d’un client riche. Un homme fonce dans le soleil et absorbe toute la lumière du monde… Autant de voix qui racontent au quotidien la passion, l’obsession, l’amour et la violence des relations. Roxane Gay creuse les bas-fonds de l’Amérique moderne au miroir de ces femmes puissantes.

Née en 1974, essayiste, professeure et éditrice, Roxane Gay est l’autrice des best-sellers Bad Feminist (Bad féministe – Edito, 2018) et Hunger (Affamée: une histoire de mon corps – Edito, 2019). Son recueil de nouvelles Ayiti est paru en 2020 chez Mémoire d’encrier.

Arpenter la nuit / Leila Mottley, paru chez Albin Michel

Résumé :

Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d’East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa sœur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s’accumulent et l’expulsion approche.

Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s’en sortir. Elle décide de vendre son corps, d’arpenter la nuit. Rien ne l’a pourtant préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation va la précipiter dans un enfer qu’elle n’aurait jamais imaginé.

Un roman à la beauté brute, porté par la langue à fleur de peau de Leila Mottley. 

Vers le paradis / Hanya Yanagihara, à paraître chez Grasset

Résumé :

Dans cette autre Amérique de 1893, New York fait partie des États-Libres où l’on peut vivre et aimer selon son cœur, au moins en apparence. Le jeune et fragile héritier d’une famille distinguée de Washington Square résiste ainsi à un mariage arrangé avec un prétendant de son milieu après être tombé sous le charme d’un professeur de musique désargenté.
À New York en 1993, dans une ville marquée par le sida, un jeune Hawaïen partage sa vie avec un homme plus âgé et plus riche tout en lui cachant son enfance troublée et le destin de son père.
En 2093, dans un monde déchiré par les épidémies et gouverné par des régimes totalitaires, la petite-fille d’un scientifique influent tente de vivre sans son grand-père – et de résoudre le mystère des absences régulières de son mari.
Une maison de ville à Washington Square, trois siècles, trois destins. Les échos et résonances entre ces trois histoires enrichissent un roman qui devient une symphonie bouleversante. La maladie et le prix à payer pour s’en protéger, la droiture des puissants et celle des révolutionnaires, l’aspiration à trouver un paradis terrestre et la prise de conscience qu’il n’existe pas – voilà quelques-uns des thèmes qui traversent ce grand roman, d’une puissance émotionnelle rare.

Vers le paradis est porté par l’empathie exceptionnelle de Hanya Yanagihara pour ses personnages, ces êtres frappés par la douleur et mus par le désir brûlant de protéger ceux qu’ils aiment.

Sa préférée / Sarah Jollien-Fardel, à paraître chez Sabine Wespieser éditeur

Résumé :

Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.

Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice.

Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.

Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite.

Sa préférée est un roman puissant sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin.

Clandestines / Sylvie Pouilloux, à paraître chez Blast

Résumé :

« Le médecin du GIS, en blouse blanche sur son costume de ville, a pris place devant Aline, sur un tabouret pivotant. Il a commencé à désinfecter les canules. Les murs du cabinet dégoulinaient de notre sueur commune, le silence cotonneux s’étendait, recouvrant tout. Je me suis sentie doucement partir… Heureusement, j’ai respiré à fond. Je me suis ressaisie. Les murs brillants crème ont repris leur apparence normale. Cet homme n’en menait pas large, c’était logique : l’avortement est interdit et il risquait sa réputation, mais de toute évidence, il savait ce qu’il faisait. »

Années 1973 et 1974, à la suite du procès de Bobigny. Le mouvement  pro-IVG prend de l’ampleur en France. À Paris, Jane se demande pourquoi ses parents ont éloigné sa soeur, Louisa, en Espagne. Aux côtés de Pierre, jeune médecin du Groupe Information Santé, elle cherche des traces de Louisa et s’engage à son tour dans la lutte pour l’avortement. Non sans crainte, car son père soutient ouvertement l’association conservatrice Laissez-les vivre. En dépit de l’écart qui se creuse entre elle et sa famille, Jane poursuit le combat et apprend à pratiquer l’avortement clandestin.
Entre enquête et roman historico-politique, ce texte offre un éclairage contemporain sur les années 70, leur effervescence et l’intensité d’un combat toujours d’actualité : la libre disposition de son corps.

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