
Pour conserver, il faut accepter de perdre, et pour vivre, il faut mourir un peu.
Jack London, ce nom évoque tant de choses incroyables : le voyage, la nature, la liberté, l’humanisme, l’engagement… Je dois avouer que cette passion a commencé enfant, ayant lu et relu un nombre incalculable de fois Croc-Blanc et L’Appel de la forêt. Je m’imaginais vivre au côté des loups, dans ce grand Nord incroyablement, sauvage et dangereux, et c’est cette partie de son œuvre qui est sans doute la plus connue.
J’aimerais mieux être un superbe météore, chacun de ses atomes irradiant d’un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. […] Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps.
Mais Jack London c’est aussi et avant tout un homme qui a pensé son temps, qui a été témoin des nombreuses inégalités criantes de son époque, qui en a fait des témoignages, et qui a milité toute sa vie pour un monde plus juste. Grand voyageur, aventurier hors-pair, il est de ces esprits libres qui forcent l’admiration.
Qui était Jack London ?
Né à San Francisco en 1876, Jack London a vécu plusieurs vies en une. Obligé de gagner sa vie dès son plus jeune âge, son parcours littéraire est quasiment autodidacte. Il aura exercé des métiers aussi divers que pilleur d’huîtres, chasseur de phoques, chercheur d’or, blanchisseur, ouvrier dans une conserverie…A 18 ans il traverse les Etats-Unis de train en train, périple raconté dans Les vagabonds du rail. Il écrit des nouvelles, des romans, et la consécration arrive en 1903 avec L’Appel de la forêt. Il voyage en Europe, en Corée, et tente de faire le tour du monde à partir de 1907 à bord de son navire, « Le Snark ». Après avoir traversé les Mers du Sud son périple sera abandonné à cause de ses problèmes de santé. Il meurt prématurément à l’âge de quarante ans.
Il puise dans ses expériences personnelles la matière de ses récits autobiographiques, mais aussi de ses récits de fiction, ce qui en accentue la richesse et la profondeur. Amoureux de la nature, il n’aura de cesse de l’invoquer, et de la magnifier dans ses écrits. Militant socialiste engagé, ses témoignages poignants se feront la voix des oubliés, et ses récits dystopiques tels que Le talon de fer seront d’une acuité quasi-prophétique. Lire Jack London, c’est partager un peu ses aventures, et découvrir l’humanité sous un angle nouveau, beau, fort et libre.
On lit quoi ?
- Martin Eden (1909) : le parcours initiatique de Martin, jeune matelot bourru tombé amoureux de la belle bourgeoise Ruth. Pour plaire à cette jeune femme qu’il juge bien au-dessus de lui, Martin usera de toutes ressources possibles pour s’extraire de sa condition. Jusqu’où est-on prêt à aller par amour ? Est-on vraiment plus « civilisé » dans les classes sociales les plus aisées ? Un voyage intime et psychologique, critique virulente toujours actuelle de la société américaine.
- Le peuple de l’abîme ( ou Le peuple d’en bas ) (1903) : parti en Angleterre en 1902 pour couvrir en tant que reporter une guerre déjà terminée à son arrivée, Jack London décide de vivre plusieurs mois dans les quartiers pauvres de l’East End londonien, et d’en partager le quotidien avec ses habitants. Prolétaires miséreux, personnes à la rue, malades,…Une population abandonnée, et écrasée par un système qui empêche de vivre une vie meilleure. Cet essai, agrémenté de photographies prises par l’auteur lui-même, livre un témoignant terrifiant et bouleversant.
- Une femme de cran et autres nouvelles (1901) : plongée dans le Grand Nord froid, rugueux et menaçant, où se mêlent le destin de femmes et d’hommes qui luttent pour survivre.
Mais aussi…
- Jack London ( par Charmian London). Illustrations de Baudoin Rappioci, photographies d’Espérance Rappioci (2006) : quelques années après la mort de Jack, Charmian sa veuve décide de raconter son mari dans une biographie passionnante, magnifiée brillamment dans cette édition par les ajouts picturaux de Baudoin et Espérance Rapiocci.
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