Le lièvre d’Amérique / Mireille Gagné

« Diane sent un nouveau souffle. Plus fort. Plus résistant. Elle accélère, encore. Repousse ses limites. Normalement, son corps aurait faibli. Normalement, il n’en aurait pas supporté davantage. Mais aujourd’hui est un autre jour ; aujourd’hui est un moment de grâce. »

J’aime beaucoup les éditions La Peuplade dont le catalogue regorge de pépites inventives, subversives et poétiques. Il était ainsi pour moi impossible de ne pas me ruer sur leur dernière parution, Le lièvre d’Amérique, qui apporte une touche de fraîcheur toute particulière à cette rentrée littéraire où les questions environnementales sont très présentes, j’aurais l’occasion d’en reparler.

Surmenée par son travail dans un milieu extrêmement compétitif et frustrée par les limites de son corps, Diane décide de subir une opération pour le moins mystérieuse censée décupler ses capacités cognitives et physiques. Une opération qui va peu peu la transformer de manière insoupçonnée et incontrôlable…

Ce petit bijou est une fable animalière qui porte un regard acéré sur notre vie contemporaine. A la croisée du  documentaire animalier, du conte philosophique, du fantastique et du Nature writing , ce récit puise dans un matériau mythologique, une  vieille légende algondienne. La figure du lièvre est comme  un parallèle entre la condition de l’humain et de l’animal.

Par sa forme découpée en chapitres qui gravitent entre différentes temporalités de l’histoire, on alterne sagesse des mythes, de la nature ancestrale et ses rythmes avec le monde ultralibéral moderne, ce qui rend palpable la déconnexion entre le naturel et l’artificiel, l’opposition entre la vie sauvage et la vie  urbaine. La jungle n’est pas forcément là où on le croit…

Mireille Gagné décrit également sublimement la vie insulaire, où le vivant, l’organique dicte son temps. Je ne voudrais pas vous en dire plus pour ne pas déflorer cette belle intrigue, et vous conseille plus que vivement de lire cette réflexion sur les notions de civilisation, de nature, de culture…Qui le fait non sans une bonne dose de second degré bien savoureux.

Le lièvre d’Amérique, Mireille Gagné. La Peuplade, 2020.

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