
« Les gens ordinaires ne savent pas quoi faire des gens extraordinaires. »
Si la promiscuité des bars enfumés et parfumés a la bière vous manquent, lisez ce roman graphique. Si les bruits de la fête, de la vie nocturne, des rencontres improbables et magiques, des concerts improvisés et des débats sans fins autour d’un énième verre vous manquent, alors plongez-vous dedans. Ouvrir Les Rigoles c’est un peu déambuler de bar en bar dans une rue de la soif colorée et poétique. Le réveil embrumé le lendemain en moins.

On y suit une myriade de personnages durant une nuit dans les quartiers animés de grandes villes, où se croisent les soirées de plusieurs fêtards sortis pour des raisons différentes et similaires à la fois : Jona fête son départ pour Berlin, Victoria veut s’oublier dans la nuit, Rodolphe cherche à retrouver son éclat d’antan lorsqu’il était le roi des fêtes nocturnes les plus folles… Mais chacun lutte aussi contre la dépression, les problèmes mentaux et la peur de s’engager.

Rythmé par les histoires abracadabrantesques du taxi de Dominique, son open bar et son squelette en plastique, Les Rigoles est une plongée dans la psychédélique humaine, ce que l’on recherche et ce que l’on fuit. On y vibre au rythme du déroulement de la nuit, de l’euphorie enfiévrée de l’alcool à l’apaisement et la fatigue lorsque l’aube se lève.

La mise en illustration, complexe, multiple et d’une richesse rarement égalée confine à l’oeuvre d’art. Brecht Evens utilise les couleurs comme personne, s’affranchit des codes traditionnels de la bande dessinée pour créer son propre fonctionnement de lecture. Un immanquable du 9ème art, récompensé par du prestigieux Prix du Jury du Festival d’Angoulême en 2019.
Les Rigoles, Brecht Evens. Actes Sud, 2018.
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