
« Quant aux véritables crimes qui avaient marqué son existence, le crime d’être né orphelin, celui d’avoir un physique puissant et rapide, celui d’être dépourvu d’une conscience puritaine, celui de vivre dans une société où tout le monde, dont lui, acceptait que le crime existe sans se rebeller : eh bien il était entièrement coupable de tout cela aussi, comme tout le monde. »
On commence l’année par une très belle découverte littéraire, effectuée grâce au compte Instagram de Palir au soleil et son club de lecture #cemoiscionlit. Une très belle initiative, qui permet de découvrir, ou redécouvrir chaque mois un auteur ou une autrice, et d’échanger autour de lectures partagées de ces oeuvres.
J’ai rencontré Don Carpenter dans ce contexte, et je ne le regrette absolument pas ! Auteur assez méconnu en France, il est pourtant le créateur d’une oeuvre unique, où les marginaux, repris de justice et autres profils atypiques y ont une place importante. Écrivain et scénariste contemporain de la Beat Generation, ami proche de Brautigan, Carpenter a marqué son époque en sortant en 1966 l’un de ses chefs-d’œuvre, Sale temps pour les braves, sous son titre original (que je trouve bien plus poétique )Hard Rain Falling.
Dis-moi de quel milieu tu viens, je te dirai…
Jack Levitt est né en 1929. Abandonné par ses parents peu de temps après sa naissance, il grandit en orphelinat, et développe très jeune en lui une colère que rien ne semble apaiser. Adepte du billard, des arnaques et des petits larcins, son destin d’enfant pauvre orphelin semble tout tracé, entre maisons de corrections, fréquentations louches, misère, puis prison.
Et la lumière fut…?
Emprisonné plusieurs fois dans des conditions parfois insoutenables, Jack y découvrira pourtant l’énergie de vivre, d’apprendre, de se questionner sur le sens de sa propre vie. Après n’avoir connu que la violence, le manque, et la faim, il va y découvrir l’amitié, l’amour et le sens de la liberté. Se ranger, se marier, avoir des enfants, vivre une vie classique, cela sera-t-il accessible à Jack une fois sorti ?
Récit d’initiation sombre, dur, empreint de mélancolie, mais aussi d’amour, de lumière et d’espoir, cet ouvrage unique est bouleversant, happant et ne laisse pas indemne. Lire Sale temps pour les braves, c’est se prendre un uppercut de déterminisme social après une cuite à la solitude. Quel dommage qu’il soit si méconnu ! Je ne peux que vous recommander de vous plonger dans ses écrits, et pour lire d’autres chroniques rendez-vous sur instagram avec le hashtag #cemoiscionlitdoncarpenter.
Sale temps pour les braves, Don Carpenter. Cambourakis, 2012.
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