
2020 a été une année inédite sur beaucoup d’aspects, et a été l’occasion pour moi de lancer « Les maux dits », et de partager avec vous mes découvertes livresques d’une manière nouvelle et très plaisante. Une aventure dans laquelle je me suis lancée après des années d’hésitation, et que je ne regrette pas un seul instant !
Vous êtes de plus en plus nombreu.x.ses à me suivre, à me soutenir, et à échanger avec moi, je vous en remercie infiniment.
Pour terminer cette année en beauté, voici un classement tout personnel des 10 plus belles lectures que j’ai pu découvrir en 2020… Et dont je me suis rendue compte qu’une partie n’avait pas encore été chroniquée sur ce blog ! Je me rattraperai en 2021 promis.
1 Ténèbre / Paul Kawczak, paru chez les Editions La Peuplade

Résumé : « Un matin de septembre 1890, un géomètre belge, mandaté par son Roi pour démanteler l’Afrique, quitte Léopoldville vers le Nord. Avec l’autorité des étoiles et quelques instruments savants, Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l’Europe nomme alors le « progrès ». À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l’accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l’avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle œuvre d’abomination est la colonisation, et il sait qu’il aimera le géomètre d’amour. Ténèbre est l’histoire d’une mutilation. »
Mon avis : ce sublime ouvrage a été pour moi la plus belle surprise de 2020. Mélange brillant entre roman politique, historique, mystique et érotique, et porté par une écriture extrêmement travaillée, cette histoire d’une originalité folle m’a hantée pendant des semaines. Il faudra vraiment que je vous en parle en 2021.
Ténèbre, Paul Kawczak. La Peuplade, 2020.
2 Le Détour / Luce d’Eramo, paru chez Le Tripode

Résumé : « Publié pour la première fois en 1979, Le Détour est le fruit de vingt-cinq années d’écriture. Il relate le parcours de Luce d’Eramo qui, élevée dans une famille de dignitaires fascistes, partit de son propre chef en Allemagne en 1944 pour intégrer un Lager, un camp de travail nazi. S’il demeure méconnu en France, Le Détour rencontra immédiatement en Italie un immense succès et connaît depuis quelques années une nouvelle vague de traductions dans le monde entier. La force et l’acuité de ce texte – qui traque aussi sans complaisance les travestissements de la mémoire – le rattachent de fait aux plus grands témoignages de femmes sur l’expérience des camps, tels ceux de Charlotte Delbo et de Ruth Klüger. »
Mon avis : le parcours incroyable de cette jeune Luce au caractère bien trempé nous replonge dans l’Histoire de la Seconde guerre mondiale d’une manière totalement inédite. Retrouvez ma chronique ici.
Le Détour, Luce d’Eramo. Le Tripode, 2020.
3 Le bateau usine / Kobayashi Takiji, paru chez Allia

Résumé : « Enfin traduit en français le Bateau-usine est le chef d’oeuvre de Kobayashi Takiji. Ce classique décrit les conditions de vie inouïes des travailleurs à bord d’un navire pêchant le crabe dans les mers froides et dures, entre Japon et URSS. Exploités et humiliés, ces hommes découvrent la nécessité de l’union et de la révolte. Réaliste et novateur, ce texte culte connut un succès international. Il rencontre aujourd’hui un regain d’intérêt, entraînant la sortie de plusieurs films, mangas, etc. »
Mon avis : ce chef-d’oeuvre de la littérature prolétarienne japonaise, initialement parue en 1929, est un huis-clos maritime époustouflant, à la portée universelle. Il me tarde de vous en parler en 2021.
Le bateau usine, Kobayashi Takiji. Editions Allia, 2015.
4 Le silence d’Isra / Etaf Rum, paru chez les Editions de l’Observatoire

Résumé : « PALESTINE, 1990. Isra, 17 ans, préfère lire en cachette et s’évader dans les méandres de son imagination plutôt que de s’essayer à séduire les prétendants que son père a choisis pour elle. Mais ses rêves de liberté tournent court : avant même son dix-huitième anniversaire, la jeune fille est mariée et forcée de s’installer à Brooklyn, où vivent son époux et sa nouvelle famille.La tête encore pleine de chimères adolescentes, Isra espère trouver aux États-Unis une vie meilleure mais déchante vite : les femmes sont cloitrées à la maison, avec les enfants ; les maris, peu loquaces, travaillent jour et nuit. Invisible aux yeux du monde, la jeune fille autrefois rêveuse disparaît peu à peu face à la tyrannie de sa belle-mère et la pression étouffante de devoir donner naissance à un fils. Mais comble du déshonneur, Isra ne met au monde que des filles, dont la fougueuse Deya… »
Mon avis : un récit bouleversant sur l’oppression des femmes, leurs vies brisées, mais aussi leurs luttes et leurs solidarités. Retrouvez ma chronique ici.
Le silence d’Isra, Etaf Rum. Editions de l’Observatoire, 2020.
5 Croire aux fauves /Nastassja Martin, paru chez Gallimard

Résumé : «Ce jour-là, le 25 août 2015, l’événement n’est pas : un ours attaque une anthropologue française quelque part dans les montagnes du Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné.»
Mon avis : ce texte unique nous permet de questionner notre rapport à la nature, à l’animal, et notre propre rôle dans cet univers. J’ai hâte de vous en parler.
Croire aux fauves, Nastassja Martin. Gallimard, 2019.
6 Les lumières d’Oujda / Marc Alexandre Oho Bambe, paru chez Calmann-Lévy

Résumé : « Après avoir tenté l’aventure à Rome, le héros est rapatrié au Cameroun, son pays natal. En quête de sens, porté par l’amour de Sita, sa grand-mère, il s’engage dans une association qui lutte pour éviter les départs « vers les cimetières de sable et d’eau ». Au Maroc, il rencontre le père Antoine, qui accueille des réfugiés, et Imane, dont il ne lâchera plus la main. Au rythme de cette épopée chorale lumineuse, les parcours s’enchevêtrent, les destins s’entremêlent, entre l’Afrique mère fondamentale et l’Europe terre d’exils. »
Mon avis : Marc Alexandre Oho Bambe démontre ici son talent de poète-romancier dans cet ouvrage multiforme, véritable ode à la solidarité. Retrouvez ma chronique ici.
Les lumières d’Oujda, Marc Alexandre Oho Bambe. Calmann-Lévy, 2020.
7 Black Manoo / Gauz, paru chez Le nouvel Attila

Résumé : « Black Manoo, c’est ce jeune Ivoirien qui grandit dans le quartier bourgeois de Cocody à Abidjan, avant de partir grâce à une bourse étudier en URSS. Enfin ça c’est qu’on lui a promis raconte-t-il à l’avocat français censé l’aider à préparer sa demande d’asile. Utilisé comme chair à canon par l’armée soviétique Emmanuel de son vrai nom revient brisé et oublie ses souvenirs dans tout ce qui peut le faire planer.Après avoir saisi une opportunité, et paré de son costume rouge pour éloigner les mauvais esprits, le voilà qui débarque dans un Paris des années 90 chamarré, et découvre l’Est parisien au gré des squats et autres endrots alternatifs. »
Mon avis : un nouvel opus du grand Gauz à la verve acérée. On rit, on pleure,on s’émerveille, on s’indigne…Et on ne veut plus quitter cet univers si particulier. Retrouvez ma chronique ici.
Black Manoo, Gauz. Le Nouvel Attila, 2020.
8 Fille, femme, autre / Bernardine Evaristo, paru chez les Editions Globe

Résumé : « Amma, Dominique, Yazz, Shirley, Carole, Bummi, LaTisha, Megandevenue Morgan, Hattie, Penelope, Winsome, Grace. Il y a dans ce livre plus de femmes noires que Bernardine Evaristo n’en a vu à la télévision durant toute son enfance. La plus jeune a dix-neuf ans, la plus âgée, quatre-vingt-treize. Douze femmes puissantes, apôtres du féminisme et de la liberté, chacune à sa manière, d’un bout du siècle à l’autre, cherche un avenir, une maison, l’amour, un père perdu, une mère absente, une identité, un genre – il, elle, iel – une existence et, au passage le bonheur. »
Mon avis : un roman choral en forme de long poème en prose, original tant par sa forme que par le fond. Bernadine Evaristo présente ici des personnages tous plus complexes et attachants que les autres, et dresse avec acuité le portrait de plusieurs générations de personnes noires luttant contre les multiples discriminations qui les touchent. Retrouvez ma chronique ici.
Fille, femme, autre, Bernadine Evaristo. Editions Globe, 2020.
9 L’art de la joie / Goliarda Sapienza, paru chez Le Tripode

Résumé : « « Le vent de ses yeux m’emporte vers lui, et même si mon corps immobile résiste, ma main se retourne pour rencontrer sa paume. Dans le cercle de lumière la vie de ma main se perd dans la sienne et je ferme les yeux. Il me soulève de terre, et dans des gestes connus l’enchantement de mes sens ressuscite, réveillant à la joie mes nerfs et mes veines. Je ne m’étais pas trompée, la Mort me surveille à distance, mais juste pour me mettre à l’épreuve. Il faut que j’accepte le danger, si seul ce danger a le pouvoir de rendre vie à mes sens, mais avec calme, sans tremblements d’enfance. » Dix ans après sa première parution en France, dans une traduction entièrement revue et conforme à l’édition italienne, la nouvelle édition du chef-d’œuvre de Goliarda Sapienza. »
Mon avis : que dire de plus sur chef-d’œuvre incontournable de la littérature italienne ? Une ode à la vie, à la liberté,à l’amour. Retrouvez ma chronique ici.
L’art de la joie, Goliarda Sapienza. Le Tripode, 2015
10 Elise ou la vraie vie / Claire Etcherelli, paru chez Folio

Résumé : «Un concert fracassant envahit la rue. « Les pompiers », pensai-je. Arezki n’avait pas bougé. Les voitures devaient se suivre, le hurlement s’amplifia, se prolongea sinistrement et s’arrêta sous la fenêtre. Arezki me lâcha. Je venais de comprendre. La police. Je commençai à trembler. Je n’avais pas peur mais je tremblais tout de même. Je n’arrêtais plus de trembler : les sirènes, les freins, le bruit sec des portières et le froid, – je le sentais maintenant – le froid de la chambre.»
Mon avis : glaçant récit sur la France raciste d’après-guerre, ce roman mêle intelligemment histoire d’amour impossible et dénonciation politique. Retrouvez ma chronique ici.
Elise ou la vraie vie, Claire Etcherelli. Gallimard, 1973.
J’ai entendu beaucoup de bien du livre Le silence d’Isra 🙂 je ne l’ai pas encore lu mais il fait parti de ma PAL 2021 🙂
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Oui il est magnifique ! Attention cependant il n’est pas très joyeux, à lire dans un moment opportun 😉
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