
Mais pourquoi attendons-nous de nos enfants qu’ils mettent un terme à la déforestation et à l’extinction des espèces, qu’ils sauvent la planète demain, quand c’est nous qui, aujourd’hui, en orchestrons la destruction ?
Voici un roman riche et profond sur notre lien à la nature, à la famille, et sur la force et fragilité de ces deux écosystèmes. Nous partons d’un futur dystopique pour remonter et traverser l’histoire américaine du vingtième siècle, de la Grande dépression aux attentats du 11 septembre à travers une famille atypique.
Chacun cherche son arbre
L’histoire débute dans un futur proche dystopique, au cœur des années 2030. Une épidémie a décimé tous les arbres ou presque de la planète, appelée le « Grand dépérissement ». Une grande partie de la population meurt à petit feu de la « craqueuse », maladie pulmonaire mortelle, entraînant des déplacements massifs de réfugiés climatiques. Il ne subsiste qu’une île au Canada où la forêt semble totalement préservée, l’île Greenwood, où seuls les plus riches peuvent se réfugier et se promener à la rencontre des derniers arbres du globe. Pour satisfaire les besoins des végétaux et des humains, tout un staff trié sur le volet s’affaire, dont Jacinda Greenwood, dendrologue de formation devenue guide. Est-ce vraiment un hasard si Jacinda porte le même nom de famille que le magnat du bois qui acheta cette île quasiment un siècle plus tôt ? Il se pourrait que non, et qu’elle soit sa descendante.
Retour vers le passé
S’entremêlent alors habilement plusieurs périodes historiques, de 1904 à 2038, qui déroulent progressivement tout l’arbre généalogique de cette famille, en plongeant dans la vie des ancêtres de Jacinda. A chaque nouvelle strate on découvre les liens qui unissent chacun d’entre-eux, tout en réussissant à retranscrire le contexte historique et social de chaque époque traversée. Et se tisse un fil rouge tout au long de l’histoire, le rapport que chaque personnage entretient avec les arbres : amour, exploitation, protection, fascination…
Un roman ample, romanesque, mais aussi social, dans lequel on plonge avec délectation. Si le futur est le point de départ de cette fresque familiale, je ne le classerais pourtant pas parmi les romans d’anticipation. Une belle réussite.
Lorsque le dernier arbre, Michael Christie. Albin Michel, 2021.
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