
« Le temps est un maître filou au crâne chauve », a dit l’écrivain anglais Ben Jonson, et il avait raison. Ni vu ni connu, il nous embrouille tous à la fin, sans un battement de cils.
Jonas voit de la musique en toutes choses, et compose des symphonies des bruits du quotidien qu’il note compulsivement dans son cahier moleskine. Il décide de s’isoler quelques temps dans une maison loin du tumulte de la ville, de son travail, et de sa vie de couple. Prendre du temps pour lui, pour écrire, pour écouter. Il souhaite disparaître, mais aussi être inspiré et nourri de tout ce qui l’entoure, et chaque péripétie la plus infime devient prétexte à une réflexion sur le sens de la vie.
Ce sentiment de détachement, de dépouillement qui confère à l’épure ascétique, questionne sur les vraies intentions de ce personnage. Ne plus être dans ce monde, prendre le recul, se détacher de tout, même de la souffrance pour trouver l’équilibre, tel un Bartleby, ou ne plus exister totalement ? En filigrane se lit la douleur indicible de la perte, enfouie et tue par Jonas.
J’ai beaucoup aimé ce texte tout en pudeur, en subtilité et en beauté, qui nous narre les petits plaisirs simples de la vie, le bonheur des instants, sans cacher une part plus sombre et mélancolique.
Une très belle découverte faite grâce à la box littéraire Lumières, que j’expérimente depuis janvier et dont les choix ne cessent de me plaire et de me surprendre !
Requiem, Gyrðir Elíasson. Editions La Peuplade, 2022.
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