
Ma mère a raison. On se ressemble beaucoup. Je suis comme toi. Râleuse, colérique. Je finirai seule, comme toi. On ne peut pas lutter contre le sang et la génétique.
Voici une belle et profonde exploration des liens familiaux et des carcans sociétaux à travers la bande dessinée foisonnante de Sole Otero, illustratrice et designeuse argentine.
2001. En pleine crise politique et économique qui plonge l’Argentine dans le chaos, la jeune Rocio emménage dans l’ancienne maison de sa grand-mère Vilma. Vilma était une femme solitaire et acariâtre, qui s’était progressivement éloignée de sa famille, à l’exception de sa petite fille.
Commence alors pour Rocio une quête introspective dans cette maison où naviguent les souvenirs de sa famille. L’occasion de se plonger dans le passé de Vilma, marqué par les désillusions, les sacrifices et la frustration. La vie d’une femme du vingtième siècle dans une société patriarcale profondément inégalitaire.
Le jeu habile des couleurs pensé par Sole Otero nous permet d’osciller entre temps présent et passé, et fait des ponts entre ces deux femmes écorchées. Les dessins sont ronds, expressifs et envoûtants, et le travail de découpage narratif des cases assez remarquable.
En bref cette histoire inspirée de la famille de l’autrice m’a surprise par sa richesse et sa subtilité, tout en m’émerveillant par ses prouesses graphiques.
Naphtaline, Sole Otero. Editions ça et là, 2022.
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