
« Entrés chômeurs dans ces bureaux, tous ressortent vigiles. Ceux qui ont déjà une expérience du métier savent ce qui les attend les prochains jours : rester debout toute la journée dans un magasin, répéter cet ennuyeux exploit de l’ennui, tous les jours, jusqu’à être payé à la fin du mois. Debout-payé. »
Gauz est un romancier hors-pair, un conteur truculent et érudit du quotidien, qui nous amène à réfléchir à notre conception du monde, et pose un regard passionnant sur la diaspora Africaine. Très remarqué à sa sortie en 2014, Debout-payé est un premier roman qui ne laisse pas indifférent.
Nous suivons les périples d’Ossiri, jeune étudiant ivoirien sans papiers, qui débarqué sur Paris a besoin d’un emploi pour payer ses études et se loger. Rien n’est plus facile , il trouvera une place de « debout-payé » grâce à son réseau, cela signifie qu’il sera vigile dans des enseignes de prêt-à-porter. Les journées sont longues, vides et ennuyeuses, alors Ossiri se livre à une étude sociologique faites de courts commentaires et observations succulentes des clients, des centres commerciaux, de la société de consommation dans laquelle nous évoluons…
C’est un récit riche aux multiples facettes, qui nous livre un constat implacable sur la Françafrique, et le traitement réservé aux immigrés des pays d’Afrique par les occidentaux, dont les stéréotypes racistes leur permettent de trouver un emploi dans la sécurité : « [l]es Noirs sont costauds, les Noirs sont grands, les Noirs sont forts, les Noirs font peur. Impossible de ne pas penser à ce ramassis de clichés du bon sauvage qui sommeillent de façon atavique à la fois dans chacun des Blancs chargés du recrutement, et dans chacun des Noirs venus exploiter ces clichés en sa faveur. »
C’est enfin un bout d’Histoire que nous livre Gauz à travers l’immigration des pays d’Afrique anciennement colonisés, et les rapports que la France entretient avec ceux-ci, tout cela traité avec humour et virtuosité.
Debout-payé, Gauz. Le Nouvel Attila, 2014.